Vendredi dernier, le Groupe Mammalogique Breton et le Syndicat de Bassin de l’Elorn ont organisé un chantier dans le cadre de la fête de la nature. Dix personnes (bénévoles, salariés et stagiaires de ces deux structures) ont ainsi retroussé leurs manches pour la Loutre : il s’agissait de construire, à partir de coupes d’arbres de la rive, une catiche artificielle (terme désignant l’abri de la Loutre) au bord de l’Elorn, entre Landivisiau et Sizun, sur un terrain de l’AAPPMA de l’Elorn.
Pourquoi cet aménagement ? Contrairement à d’autres espèces, la Loutre ne construit pas de gîte. Elle est donc tributaire de ce que lui offre la nature (espaces sous des racines ou entre des blocs rocheux etc.). La dégradation des espaces naturels ayant entraîné la disparition d’abris, la construction de catiches artificielles permet à la Loutre de recoloniser nos rivières ou de s’y maintenir, en complément d’autres mesures sur les milieux.
C’est également une des mesures préconisées par les scientifiques pour préserver la biodiversité dans la zone Natura 2000 « Rivière Elorn », vallée abritant des espèces de faune et de flore d’intérêt européen, parmi lesquelles la Loutre.
On ne construit pas une catiche n’importe où : il faut que l’emplacement soit protégé du dérangement humain, par exemple par une zone buissonnante ou un roncier, au-dessus du niveau des crues ; et bien sûr au bord d’une rivière, d’un plan d’eau ou d’une zone humide. Un repérage préalable par des naturalistes est primordial : des coulées (passage répétés d’animaux dans la végétation) ou des épreintes (terme propre à la Loutre qui désigne ses fèces) donneront des indices sur ses habitudes. La proximité d’un point d’eau stagnant favorable aux amphibiens (importants dans son régime alimentaire) peut rendre le site encore plus favorable.
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L’espace vital de la Loutre (espace dont elle a besoin pour vivre : se nourrir, se reproduire, se reposer) est grand : jusqu’à 30 kilomètres pour une femelle et 40 pour un mâle. Elle utilise donc plusieurs catiches au cours de ses pérégrinations, d’où l’importance, pour l’aider à se sédentariser sur un bassin versant, de les placer en chapelet le long d’un cours d’eau.
En continuant à mener des actions comme celles-ci, peut-être pourra-on avoir plus souvent la chance de croiser une Loutre au bord de l’Elorn.. Si vous êtes intéressés par les mammifères sauvages, si vous désirez devenir un acteur de la sauvegarde de la biodiversité, le GMB mène de nombreuses actions et animations. Vous êtes les bienvenus !
Angelo Delefortrie (stagiaire chargé d'inventaire Loutre au GMB).